Les chroniques et les songes

Tous les quinze jours, je vous propose une petite chronique inspirée par un(e) auteur(e) et une œuvre qui me passionnent

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Par Lucas Da Costa
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Horace Slughorn, ou quand l'erreur nous dévaste

Personnage secondaire d'un univers qui aura vu grandir des milliers de moldus, il est temps de s'intéresser au professeur des potions de Poudlard, et créateur du club de Slug.

Il y a parfois quelque leçon à tirer de nos erreurs. Le héros masqué à cape noire nous avait appris : « Pourquoi tombons-nous ? C’est pour mieux nous relever ! ». Dans le même esprit, savoir considérer l’erreur comme une marche indiscutable vers le progrès, déjà de soi-même et de ses actions de manière générale, est un fait à mettre en valeur. Dans le domaine de l’éducation, on a trop tendance à stigmatiser l’erreur comme une faute impardonnable qui condamne celui qui la fait à une sorte d’errance éternelle où il resterait dans une sorte de boue infâme, celle qui convient bien à l’inculte. C’est évidemment une grave erreur. J’enseigne souvent qu’il est finalement de notre devoir de nous tromper. On n’a jamais vu, sur l’escalier du succès, même le plus silencieux soit-il, des marches pavées de réussites. Dans cet esprit, il m’est venu la nécessité de vous parler d’un personnage d’une saga littéraire très connue, qui lui même a côtoyé l’erreur et le regret de très près. Cette saga a bercé les générations 2000 et ces dernières ont grandi avec elle. Récemment, la saga s’est vue entachée par des propos condamnables de son auteur. Oui, vous l’aurez compris, il s’agit bien de la saga Harry Potter.

Mais quel personnage pourrait finalement incarner cette notion de regret et surtout, surtout, d’erreur ? Eh bien, il suffit finalement de se fier au titre de cet article, ma foi. Mais qui est Horace Slughorn ? Dans les faits, il est celui qui, dans Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé, est rappelé par Albus Dumbledore, directeur de l’école de Magie de Poudlard, pour enseigner les potions. Horace est un professeur assez âgé, initialement à la retraite. Il est bien portant, toujours très bien habillé, et est surtout reconnaissable par une grosse moustache « de morse ». Il est jovial et aime la bonne chaire. Lors de la réapparition de Voldemort et de ses adjuvants les mangemorts, Slughorn essaie d’échapper à leur vue pour éviter d’être recruté par eux. Raison pour laquelle ce dernier va se dissimuler magiquement sous l’aspect d’un fauteuil confortable mais usé, afin de duper ceux qui le recherchent. C’est un sorcier très compétent et il n’hésite pas à revenir à Poudlard. Seulement sait-on pourquoi ? Son ami Albus revient dans le but d’avoir une information cruciale cachée dans la mémoire de Slug. Toutefois, il faut au directeur une raison suffisante pour appâter Horace. Et cette raison est Harry Potter. En effet, Slughorn est un homme ambitieux et aime s’afficher confortablement avec de grands noms. En tant qu’enseignant, il est plutôt de ces gens qui préfèrent sans le dire les élèves triés sur le volet. Il acceptera de revenir enseigner. Après tout, quelle classe ce doit être que d’avoir « Celui qui a survécu » dans ses classes !

Mais il convient de s’intéresser à l’erreur. En quoi notre professeur Slughorn est-il ce symbole inénarrable de l’erreur et du regret? Eh bien rappelons d’abord qu’avant d’être le mage noir que nous connaissons, Voldemort était un «simple» étudiant taiseux nommé Tom Jédusor. Et parmi les foules incalculables d’élèves qu’Horace a formé figure justement Tom. C’est lui qui, un soir après quelques festivités de ce qu’on appelle « le club de Slug », club d’élèves repérés par le professeur, révèle l’intérêt des Horcruxes au futur Voldemort. Les Horcruxes sont des objets dans lesquels on va transférer une partie de son âme par le biais d’un meurtre, ce qui confère une forme d’immortalité. Notre âme serait séparable autant de fois que l’on crée d’Horcruxes. En réalité, ce souvenir, dissimulé et truqué aux yeux de toutes les pensines du monde, ronge infiniment Horace. Il sait qu’il est indirectement coupable d’avoir assuré l’immortalité d’un dangereux individu. Pourtant jadis directeur de la maison Serpentard avant l’arrivée de Severus Rogue, qui enseigna les potions après lui jusqu’à son retour, Slughorn n’a jamais pensé à faire le mal. Il est de ces personnages qui savent au combien le regret et la honte peuvent travestir une belle âme. Lorsque Harry Potter tente malicieusement de lui soutirer quelques informations concernant Tom Jédusor, il n’hésite pas à mentir. A prétendre qu’à l’époque de sa scolarité, Jédusor était un individu pas si différent d’Harry Potter…. Cocasse.

Le nom de Voldemort est prohibé chez les Sorciers, comme pourrait finalement l’être celui d’Hitler pour nos sociétés européennes. Non sans de réelles et graves raisons. Et lorsqu’il entend son nom, Slughorn se crispe. Ses mains pourraient presque devenir moites. Il est un homme accablé, comme ses congénères, de nombreux défauts. Il aime profiter de la célébrité d’autrui et semble faire confiance trop rapidement. Que prétend nous enseigner Slughorn si ce n’est la potion Tue-Loup ? C’est bien plus qu’une liste de potions magiques. Slughorn nous apprend, par son contre-exemple, le dépassement de soi et la nécessité d’assumer ses responsabilités. Horace est dévasté d’avoir révélé l’intérêt des Horcruxes, magie noire au demeurant. Pourtant, lorsque Voldemort attaquera Poudlard, il se tiendra fier et brave pour affronter le mage noir, aux côtés de certains de ses collègues. Il s’agit, en quelque sorte, d’une considérable rédemption. Et la rédemption est un thème récurrent de l’œuvre de Rowling. Déjà présente au sein même du personnage de Rogue.

Slughorn est rongé par les regrets, et nous parle en réalité, sans qu’on y prenne bien garde, de nos propres actions et de leurs conséquences. Et qu’il est parfois difficile d’imaginer au combien un mot ou une formule peut soigner ou abattre quelqu’un. Chacune de nos moindres actions peut avoir de multiples conséquences. Le tout est de comprendre de ses erreurs, et de les assumer. Horace Slughorn nous apprend finalement qu’une fois assumées, nos erreurs deviennent les forces sous-estimées qu’on a toujours osé prendre pour des faiblesses.

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